Appuyez sur ESC pour fermer

La Crypto n'a pas été piratée. Elle a été achetée : L'enchevêtrement dangereux de la politique et de la finance centralisée.

Le monde de la cryptomonnaie a toujours été présenté comme un bastion de la décentralisation et de la liberté vis-à-vis du contrôle étatique. Cependant, une série d'événements récents, centrés sur la plus grande plateforme crypto Binance et la famille de l'un des politiciens les plus influents au monde, Donald Trump, jette une ombre inquiétante sur cette idéologie. Ce qui s'est passé ne semble pas être simplement une transaction commerciale, mais une possible fusion d'un acteur crypto centralisé majeur avec l'establishment politique — une menace glaçante pour l'essence même de la finance décentralisée (DeFi).

 

Chronologie de l'accord : de l'amende à la grâce présidentielle

  1. Novembre 2023 : Plaidoyer de culpabilité et amende de plusieurs milliards de dollars. L'histoire commence avec le cofondateur et ancien PDG de Binance, Changpeng Zhao (@cz_binance), connu sous le nom de CZ, et la plateforme elle-même, plaidant coupable de violation des lois anti-blanchiment américaines et acceptant de payer une amende colossale de plus de 4 milliards de dollars [, ]. CZ a démissionné de son poste de PDG.
  2. Mars 2025 : Le stablecoin de la famille Trump et l'investissement dans Binance. Un peu plus d'un an plus tard, World Liberty Financial (WLFI), une société affiliée à la famille Trump, annonce le lancement de son propre stablecoin, USD1, soutenu par des obligations américaines []. Presque simultanément, une société d'investissement d'Abu Dhabi, MGX, annonce un investissement de 2 milliards de dollars dans Binance [].
  3. Mai 2025 : Soutien à la nouvelle monnaie. Il devient rapidement clair que l'investissement total de 2 milliards de dollars dans Binance a été effectué en USD1 []. Cette injection massive de capitaux a instantanément légitimé et capitalisé le nouveau stablecoin de WLFI. Comme USD1 est soutenu par des obligations américaines, tant que Binance ne rachète pas les 2 milliards en USD1, WLFI (la famille Trump) percevra environ 60 à 80 millions de dollars par an de rendement provenant de ces obligations. En effet, Binance, entité sanctionnée pour manquements à la conformité, est devenu le "fournisseur de garanties client" crucial pour le nouveau produit financier d'une famille politiquement connectée. Le même mois, CZ a confirmé avoir demandé une grâce présidentielle [].
  4. Octobre 2025 : La grâce présidentielle. Finalement, Changpeng Zhao reçoit une grâce présidentielle [].

 

Le point clé : coïncidence ou collusion ?

La séquence des événements est remarquablement synchronisée :

  1. L'entreprise de la famille Trump lance un stablecoin.
  2. Un investissement massif dans Binance (acteur clé du marché crypto) est entièrement libellé dans ce nouveau stablecoin, garantissant instantanément son succès et générant des revenus pour WLFI.
  3. Quelques mois plus tard, Donald Trump, dont la famille bénéficie directement de cette transaction, accorde la grâce à CZ, qui avait été condamné pour un crime financier sérieux.

Une telle série d'événements soulève des questions profondes sur un conflit d'intérêts et un possible quid pro quo :

  • Avantage évident pour la famille Trump : L'accord de 2 milliards de dollars avec Binance a non seulement légitimé l'USD1, mais a également garanti à WLFI un rendement annuel stable de plusieurs millions de dollars provenant des obligations gouvernementales américaines.
  • Grâce comme quid pro quo ? CZ, condamné pour un important délit financier, est gracié par un président dont la famille est intimement liée à un accord qui a apporté un financement significatif à Binance et capitalisé le stablecoin WLFI.

 

Le prix de la crypto "centralisée"

Cet épisode contraste fortement avec le sort des développeurs qui défendent réellement la décentralisation. Alors que CZ, qui dirigeait un "casino crypto" centralisé ayant, selon les régulateurs, blanchi des milliards, reçoit une grâce suite à une transaction politiquement avantageuse, les développeurs derrière Tornado Cash et Samourai Wallet continuent de se battre pour leur liberté devant les tribunaux. Leur crime ? Écrire du code open-source pouvant être utilisé pour des transactions anonymes, que les autorités affirment faciliter le blanchiment d'argent.

Cela met en évidence un double standard glaçant :

  • Géants centralisés, avec leurs connexions politiques et leur pouvoir de faire bouger le marché (comme CZ avec Binance ou Trump avec ses tweets), peuvent échapper à des sanctions sévères en concluant des accords avec les puissants.
  • Développeurs open-source, incarnant l'esprit de la décentralisation, font face à des poursuites pénales pour leur code.

La conclusion est claire : dans un monde où Binance peut influencer les prix des cryptomonnaies, et où l'establishment politique peut influencer le destin des figures clés de l'industrie via des accords et des grâces, l'idéal même de la décentralisation est attaqué. La crypto n'a pas été piratée de l'extérieur — elle a été achetée, et peut-être domptée. Pour quiconque croit encore en un monde DeFi libre du contrôle gouvernemental et de l'oligarchie financière, ce tandem – politique et finance centralisée – devrait être absolument terrifiant.

 

Références et lectures complémentaires :

Elena C.

Elena C. is the CEO of EXMON and a recognized expert in the financial technology and blockchain ecosystem, with over 12 years of experience. Her core expertise covers regulatory compliance, strategic risk management, and the integration of...

...

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *