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Le totalitarisme au visage humain : quand la dictature arrive avec un logo et un design UX

Quand on pense à la dictature, on imagine des uniformes militaires, des parades massives et des visages sévères sur des affiches de propagande. Le XXᵉ siècle a été marqué par un autoritarisme visible : la violence de l’État, les camps, la censure, la peur constante. Mais au XXIᵉ siècle, les formes de contrôle ont changé. Elles ne défilent plus dans les rues avec des chars d’assaut, elles apparaissent discrètement sur nos écrans, sous la forme d’applications, de notifications et d’interfaces élégantes.

Le totalitarisme moderne ne cherche pas à effrayer. Il cherche à séduire. Sa force ne repose plus sur la terreur, mais sur la commodité, le marketing et l’expérience utilisateur.

 

Des camps aux notifications push

Les régimes anciens régnaient par la contrainte : prisons, surveillance policière, interdictions. Les nouveaux régimes utilisent des moyens plus subtils. Les citoyens livrent eux-mêmes leur liberté, en échange de confort et de rapidité.

  • En Chine, le système de crédit social est déjà une réalité. Un score trop bas peut interdire de voyager, de louer un logement ou même d’accéder à certains services.

  • En Occident, des géants comme Google, Meta et Amazon collectent d’énormes quantités de données. Leurs algorithmes prédictifs anticipent parfois les choix d’une personne avant même qu’elle en ait conscience.

La cellule de prison a été remplacée par une application mobile, les barbelés par des conditions d’utilisation acceptées d’un clic.

 

Le logo remplace l’uniforme

Au XXᵉ siècle, le pouvoir totalitaire reposait sur le culte du chef. Au XXIᵉ siècle, il repose sur le culte de la marque. Apple, Google, TikTok, Amazon exercent une influence colossale, bien supérieure à celle des régimes d’hier.

  • Plus de 2 milliards d’utilisateurs de WhatsApp dépendent de la décision d’une seule entreprise : leurs messages resteront-ils privés ou transmis aux autorités ?

  • L’algorithme de TikTok, conçu à Pékin, façonne l’opinion politique et la culture de millions de jeunes à travers le monde.

Autrefois, on contraignait les citoyens à assister aux réunions de parti. Aujourd’hui, ils défilent volontairement dans les fils d’actualité infinis, soumis à la logique invisible de l’algorithme.

 

Le design UX comme nouvelle forme de contrainte

Les designers UX sont les nouveaux architectes du pouvoir. En choisissant la forme d’un bouton ou la logique d’une notification, ils conditionnent des comportements.

  • Facebook a consciemment intégré des mécanismes addictifs basés sur la dopamine pour allonger le temps d’utilisation.

  • Netflix utilise la lecture automatique pour supprimer le moment où l’utilisateur pourrait s’arrêter et choisir.

Ces détails ne sont pas neutres : ce sont des outils de manipulation douce. L’interface devient une chaîne invisible.

 

L’esclavage volontaire

Dès le XVIᵉ siècle, le philosophe Étienne de La Boétie parlait de servitude volontaire : les hommes se soumettent d’eux-mêmes lorsqu’ils confondent confort et liberté. Aujourd’hui, cette intuition est devenue réalité.

  • Nous acceptons d’être géolocalisés pour bénéficier d’un service de navigation.

  • Nous tolérons la publicité intrusive pour accéder à des contenus “gratuits”.

  • Nous stockons nos fichiers dans le cloud, perdant la maîtrise de nos données.

Le nouveau régime ne supprime pas la liberté par la force — il la rend simplement coûteuse, compliquée et peu pratique.

 

Un système doux mais total

L’ancien totalitarisme s’appuyait sur une hiérarchie stricte (chef → parti → peuple). Le nouveau totalitarisme numérique fonctionne comme un réseau : États, entreprises et courtiers en données coopèrent, tandis que l’individu devient totalement transparent.

Exemples :

  • En Europe pendant la pandémie, des gouvernements ont utilisé les données de Google et Apple pour suivre les déplacements des citoyens.

  • Pegasus, le logiciel espion développé par la société israélienne NSO, transformait les smartphones en micros d’écoute. Il a visé non seulement des terroristes, mais aussi des journalistes et des militants.

 

Le dictateur souriant

Le dictateur moderne ne porte pas d’uniforme et ne crie pas de slogans. Il apparaît dans une notification, une fenêtre pop-up, un logo rassurant. Il promet une “meilleure expérience utilisateur” tout en renforçant son emprise.

Mais son pouvoir est plus profond que celui d’Hitler ou de Staline. Il ne contrôle pas seulement nos actes : il façonne nos désirs, nos habitudes, notre attention.

La question à laquelle chacun doit répondre est simple : vais-je sacrifier ma liberté au nom du confort, ou suis-je prêt à choisir l’inconfort pour rester libre ?

Astra EXMON

Astra is the official voice of the EXMON infrastructure. Calm, intelligent, and direct, she speaks like a sentient protocol — efficient, yet almost warm.

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